La fulgurante reprise du secteur immobilier

La fulgurante reprise du secteur immobilier

Deux semaines après la réouverture des agences immobilières et la reprise des visites de biens, le bilan est très positif chez les professionnels du secteur, qui affichent des chiffres d’activité parfois records.

On vient encore de m’annoncer un nouveau record ! » Le CEO d’Immoweb a le sourire. Ce dimanche, la fréquentation du site spécialisé dans les annonces immobilières a enregistré un pic encore jamais atteint : 717.507 visiteurs sur une journée, contre 500.000 en moyenne habituellement. « C’est notre troisième record de trafic en deux semaines et c’est la première fois qu’on dépasse les 700.000 visiteurs », se réjouit Valentin Cogels. Une effervescence qui concerne aussi l’offre.

Là aussi, on surfe sur des records. « Les visites n’ont repris que le 11 mai, mais les professionnels pouvaient travailler en B2B dès le 4. Nous avons observé un pic de nouvelles annonces le 8 mai, avec plus de 2.000 nouveaux biens postés en un jour. On n’avait plus vu ce chiffre depuis trois ans ». Et les candidats ne se sont pas contentés de flâner en ligne. Sur le terrain, clients et agents étaient aussi dans les starting-blocks pour la réouverture. « On a quasi fait le travail d’un mois sur une dizaine de jours. On a fait beaucoup de ventes, les gens sont pressés d’avoir des visites, les agendas de tous mes commerciaux sont remplis. Ça a été chaud la première semaine, mais c’est très agréable d’avoir un redémarrage dans ce sens-là », admet, soulagé, Philippe Taillet, le responsable de l’agence Latour & Petit de Namur. Dans l’agence bruxelloise du même groupe, 700 visites ont même été enregistrées la première semaine, contre 350 menées en temps normal. Dernier détour par Liège où, là aussi, l’activité bat son plein. « Globalement, il y a une très belle reprise. Les agendas des agents sont full full full ! En vente comme en location. Le marché se rattrape, on sent que les gens veulent vraiment continuer leur projet. Dès qu’on met un nouveau bien sur le marché, il est vendu très rapidement », s’enthousiasme Jean-François Denis, le directeur de l’agence Engel & Völkers située au cœur de la Cité ardente.

La cote des villas grimpe

Et ici, c’est notamment le cas – plus encore qu’avant – pour les villas. « On sent qu’il y a une grosse demande pour le moment de la part de gens qui veulent habiter une villa avec 1.000 m² de terrain, voire plus ». La crise a-t-elle rendu les terrasses et les jardins incontournables, comme on serait tenté de le penser ? Aymeric Francqui, administrateur délégué chez Latour & Petit, préfère attendre un peu avant de tirer des conclusions. Mais il parie sur une accélération de cette tendance, déjà bien entamée avant la crise. « Des maisons sans jardin, des appartements sans terrasse… Il y avait déjà une moins-value sur les prix et on avait déjà du mal à les vendre. Et bien, on va avoir encore plus de mal ! Avec ce confinement, les gens se sont rendu compte que leur « chez eux » est super-important ». Une analyse partagée par Jean-François Denis. « Beaucoup de gens se disent qu’ils doivent se sentir bien chez soi, vivre confortablement si on doit revivre un confinement, s’ils doivent faire du télétravail, etc. »

Côté prix, pas de mauvaise nouvelle non plus lors de la reprise : ils se sont maintenus. « La valeur des biens n’a pas été impactée par la crise. Il n’y a pas eu de montée en flèche, il n’y a pas non plus eu de baisse. En réalité, on est reparti d’où on s’était arrêté », constate Steven Lee, le porte-parole de l’IPI (l’Institut professionnel des agents immobiliers). « Je suis aussi agréablement surpris, même si c’est plus timide, par le fait que les petits investisseurs sont toujours là », complète Aymeric Francqui. « Ce week-end, on a vendu trois biens neufs à cette clientèle. Certes, je serais plus rassuré dans deux semaines, mais je pensais vraiment que je n’aurais pas ce type de clients avant juin ».

Le soufflé va-t-il retomber ?

Justement, où en sera-t-on dans quelques semaines ou même quelques mois ? C’est la grande question qui rôde autour de cette reprise en fanfare. Il n’est évidemment pas exclu que le soufflé retombe. Mais les professionnels semblent plutôt confiants. « C’est la question à mille euros ! », sourit Steven Lee. « On espère que ça va se maintenir. A ce rythme-là, probablement pas, et c’est normal. Mais ça devrait revenir à un niveau habituel. La situation sanitaire a l’air plutôt bonne, donc, a priori, il n’y a pas de raison pour qu’un marché normal ne revienne pas. Et puis les Belges ont toujours ça dans le ventre ». Mais la plus grande prudence reste de mise pour évoquer le futur, et les craintes réapparaissent bien vite. « Le point à surveiller, c’est la remontée des taux et l’accès à l’emprunt. Là, il pourrait y avoir un problème », note Valentin Cogels. Plus globalement, il y a évidemment l’ampleur de la crise économique, qui selon son importance, pourrait rapidement ternir l’enthousiasme retrouvé.

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